Chers Frères et Soeurs dans le Christ,

Au IVème siècle, Saint Jean Chrysostome disait : “Fais de ta maison une église puisque tu dois rendre compte du salut de tes enfants et de tes serviteurs.”

Cela n’est pas de tout repos. Nous pourrions rester à l’image de la famille de Bethléem, de la crèche : tout est calme et paisible dans la grotte. Mais rapidement, il y a la fuite en Égypte, puis, à l’âge de 12 ans, Jésus reste au Temple, Joseph et la Vierge Marie ne comprennent pas. Puis toute la vie publique de Jésus, sûrement pas facile pour le cœur de mère de la Vierge Marie. Puis la passion et la mort de Jésus sur la croix.

Lors de la présentation au Temple, le vieillard Syméon annonce le mystère du calvaire : “Cet enfant provoquera la chute et le relèvement de beaucoup en Israël. Il sera un signe de contradiction, et toi ton âme sera traversée d’un glaive…”

La famille n’est pas un lieu clos, protégé, “mais le lieu où peut se vivre en toute sa profondeur le mystère de la Pâque du Christ”, enseigne Benoît XVI dans son homélie à Nazareth en 2009. “Est-ce que nous n’avons pas tendance à penser au contraire, que la famille idéale est celle qui ne connaît pas la souffrance, ni les difficultés de la vie ?” poursuit-il.

Dans Amoris Laetitia, le Pape François écrit : “Comme Marie, les familles sont exhortées à vivre avec courage et sérénité leurs défis familiaux tristes et enthousiasmants et à protéger comme à méditer les merveilles de Dieu.” (n°30)

La famille, chers frères et sœurs, est le lieu du don. Et il n’y a pas de don sans crucifier notre égoïsme, notre jalousie, le service de notre propre intérêt. Le don de soi fait passer en premier le bien commun avant son propre désir.

Dans nos maisons, sur nos murs, nous avons accroché des croix, et nous voudrions que la croix soit absente de notre vie de famille. Mais cette croix, et c’est cela notre joie familiale, est glorieuse et lumineuse, si tout est vécu dans l’amour.

La famille catholique est unie au Christ dans sa vie cachée, sa Passion, sa Mort et sa Résurrection. A la suite de Jésus, elle est un signe de contradiction pour notre monde aujourd’hui. Attaquée de toutes parts, bafouée même, la famille composée d’un père homme, d’une mère femme, d’enfants donnés par Dieu si telle est sa volonté, est et reste le socle de toute vie sociétale et ecclésiale.

De même qu’à la Croix, l’amour de Dieu le Père pour son Fils transcende la souffrance de Jésus et lui permet d’aller jusqu’à la mort pour le salut des hommes, l’amour des époux transcende toutes difficultés, et reste le lieu refuge pour les enfants, y compris après leur envol. C’est dans sa relation à son Père que Jésus puise la force de lutter dans l’adversité et la contradiction. 

C’est dans la famille vivant de la grâce de Dieu que ses membres trouvent force et courage pour rester fidèles aux valeurs familiales chrétiennes.

L’Église nous donne en exemple la sainte Famille de Nazareth non pas pour que nous construisions une famille à l’eau de rose, mais pour que, la prenant en exemple, nous ayons la force d’avancer ensemble sur le chemin de la sainteté : pour chacun de nous, notre famille est le premier lieu de notre sainteté ; c’est le premier lieu de l’incarnation de notre sainteté.

L’Église Catholique se veut être un appui fiable pour toutes les familles de la terre, car elle-même est famille. Que tous ses enfants puissent trouver en elle la force de l’amour et de la miséricorde.

Confions toutes nos familles, toutes les familles de la terre, l’Église, à Saint Joseph, à la Sainte Vierge Marie et à Jésus, afin qu’ensemble nous puissions témoigner de nos joies familiales. Amen.

Père Christophe GUÉGAN, homélie du dimanche 31 décembre 2023